50 ans d’ESC… et après ?

50ème anniversaire de l’éducation socioculturelle.

 

Texte diffusé par un collectif informel
lors des 50 ans de l’ESC
(Paris, mars 2016)

Pour un certain nombre d’acteurs de l’enseignement agricole, il semble aujourd’hui nécessaire d’ouvrir un espace collectif d’échanges, de débats, qui interroge les fondamentaux de l’ESC, pour en nourrir les contenus, les méthodes et les pratiques.
Face à l’évolution des publics et à de nouveaux enjeux sociétaux et culturels, comment l’ESC peut-elle contribuer plus fortement au projet éducatif de l’EA et actualiser plus efficacement les voies de l’éducation populaire dont elle est issue ?
10 ans après la formalisation du «référentiel professionnel et des conditions d’exercice des activités » (21 mars 2006), il devient nécessaire, en s’appuyant sur ce référentiel, de reprendre la réflexion en intégrant les transformations du cadre d’exercice (publics, formations, contexte social…), les difficultés rencontrées par les équipes, l’évolution du périmètre «disciplinaire», les nouveaux leviers d’action etc.

L’initiative

Nous faisons le pari d’un espace collectif à construire, à l’initiative des acteurs de l’ESC eux-mêmes, un espace
qui permette de développer une réflexion collective sur le métier en décalant les regards et les points de vue, mais aussi de sortir d’un entre soi et d’une forme d’isolement pédagogique que connaissent parfois les collègues.
Cet espace est donc nécessairement ouvert : non seulement il a vocation à rassembler les acteurs de l’ESC, mais aussi à s’ouvrir à d’autres métiers de l’EA, aux chercheurs, aux partenaires…
Plusieurs espaces institutionnels existent déjà : les réseaux régionaux, le réseau ADC avec la revue Champs Culturels et la Lettre ADC, l’ENSFEA avec la formation initiale et continue, et le GAP-ESC et avec esc@les… Pour autant chacun de ces espaces a ses propres objets, ses modalités et ses fonctionnements, et il ne s’agit pas de doubler ou de concurrencer ce qui existe déjà.
Il ne s’agit pas non plus d’aborder des questions de type «corporatistes» (temps de travail, tiers-temps..) qui relèvent d’autres instances, notamment des espaces syndicaux dont c’est une des missions.
Il s’agit plutôt d’inventer un espace qui soit en prise avec les problématiques du terrain, au contact d’autres acteurs impliqués dans la réflexion et/ou des démarches qui font écho à nos champs d’action, et tout particulièrement le monde de la recherche.

Quelques questions qui méritent d’être investies

  • Quelles questions posent les pratiques d’animation dans l’établissement ? En quoi concourent-elles réellement aux missions de l’ESC, avec quels projets, quelles limites, quelles coopérations ? Comment sont-elles intégrées dans le projet d’établissement à travers le PADC ?
  • Que savons-nous au juste de la jeunesse que nous accueillons dans nos classes, dans nos projets, dans les ALESA ? Quelle connaissance avons-nous de sa diversité, de ses rapports au monde, de ses envies… Comment travailler AVEC et non pas POUR ? Comment participer à la construction de l’autonomie et de la citoyenneté ?
  • Quels regards l’ESC peut-elle/ doit-elle apporter face aux enjeux sociaux du développement scientifique et technique, ou des nouvelles agricultures ? Quels savoirs anthropologiques et sociologiques peut-elle mobiliser pour mieux observer et analyser les valeurs et attitudes relatives, par exemple, à l’environnement ou aux techniques agricoles ?
  • Quels rapports l’ESC entretient-elle avec les autres disciplines ? Quels contenus de l’ESC doivent-ils évoluer, dans quel sens ?
  • Quelles questions posent les technologies numériques à l’ESC, à ses méthodes, aux apprentissages qu’elle doit construire chez les jeunes ? Comment les mettre en rapport avec les finalités éducatives, développer les habiletés et le sens critique, innover dans les méthodes d’apprentissage? Comment en faire un levier pour des projets ?
  • ESC et ruralité ? comment l’ESC aborde (ou n’aborde pas) la question de la ruralité aujourd’hui ?
  • Quelle place et quelle action des lycées dans l’animation de leurs territoires ? quelle articulation ESC-DOC-EPS-VIE scolaire dans cette mission d’animation ?
  • L’ESC et la coopération internationale ?
  • L’ESC comme levier pour un esprit collectif dans les pratiques d’apprentissages ?…

Ces questions ne sont pas limitatives mais ouvrent l’espace des possibles en matière de réflexion et de partage. Il est évident que chacun est déjà fortement engagé dans ses activités professionnelles et personnelles.
Faire le choix de la structure associative pour réunir les enseignants d’ESC, c’est à terme se doter d’un outil léger à faire vivre, bénéficiant d’une existence légale facilitant l’organisation de rencontres ainsi que les échanges avec nos partenaires. Il ne semble pas démesuré d’envisager un rythme de vie reposant sur une rencontre annuelle adossée à une thématique et/ou un événement culturel.
La curiosité, le débat, la dynamique collective sont essentiels à l’ESC. L’association serait à la fois l’outil facilitateur et le catalyseur, ouvert à celles et ceux qui ont envie, permettant d’aller de l’avant pour inventer et défricher les sentiers qui se trouvent devant l’ESC pour les 50 ans à venir.

(Le tract diffusé en mars 2016)